La Palma - Tenerife
Attirée par le volcan et les promesses de trekking, Dominique souhaite y passer une semaine de vacances sur l'île de Tenerife. Le voilier est à La Palma; je commence ce séjour par un convoyage en solitaire.
Après une préparation du bateau, sous la
chaleur écrasante de ce mois d’octobre, agrémentée de petits restaurants de
poison chaque soir, j’appareille vers La Gomera un petit matin, mais grasse matinée
oblige, un peu trop tard.
Après une traversée tranquille, au moteur,
puis sous voiles par vent très léger, arrivée à La Gomera où je réussi tout
juste à jeter l’ancre dans une baie du SE de l’île avant l’obscurité totale.
Le
lendemain, je me sens vraiment retiré du monde et je n’ai plus du tout envie de
partir.
C’est donc après une seconde nuit que je mets le cap sur Tenerife :
anticyclone, pas de vent, moteur encore... Après quelques hésitations je décide
de modifier le cap et de ne pas aller vers Garachico , sur la partie NW de Tenerife,
car une houle de 2,5 m risquerait de rendre l’entrée difficile. Quelques globicéphales
plus tard, entrée dans la Marina Del Sur, à Las Galletas, située sur la pointe
sud de l’île, petite ville peu touristique avec
tout ce dont on peut avoir besoin. Pas de problème pour louer une voiture
et attendre Dominique en allant jouer au golf.
Dès le premier soir, au bout du
ponton, je tombe sur Marcel, que j’avais déjà rencontré à Agadir et
avec qui
nous avions fait une fête mémorable. Et rebelotte, il m’invite à dîner à son
bord pour une grosse fête à 4, avec Christian du magasin de plongée et une amie.
La soirée se terminera très tard au bar sur la plage où un cubain donne un très
bon concert de Salza… C’est avec un peu mal au crâne que j’accueille Dominique,
trop peu d’heures plus tard, à l’aéroport.
Le lendemain de son arrivée, nous décidons
de prendre la voiture pour faire un petit tour de l’île. Le passage d’un front
froid apporte des déluges de pluies exceptionnels, qui créent des torrents d’eau et de boues
sur le nord de l’île qui bloquent les autoroutes en déposant des tas de très
grosses pierres. Plus moyen de rentrer, les routes sont coupées. Nous parvenons
à nous réfugier à Puerto de la Cruz. Cela commence mal.
Le reste de la
semaine sera consacré à de nombreux trajets de trekking dans l’île. Superbe ! La
zone du volcan du Teide, troisième plus grand cratère du monde, vaut le voyage.
Nous passerons également une nuit au
mouillage au bas de la vallée de Marcas, un peu après Los Gigantes. Mouillage
au pied de hautes falaises de lave, bien abrité du NW à NE, à conseiller !
Visite également de la zone des globicéphales sur le cote SW de Tenerife, qui
affectionnent la zone des profondeurs de 1000 m. Il y en a beaucoup et il est
difficile de les rater car ils sont balisés par les bateaux de touristes.
Mais tout a une fin et Dominique repart,
avec regrets, vers Bruxelles.
Tenerife - La Gomera
Changement de genre… Après une longue après midi de golf, j’accueille Yves R. et Jacques P. pour une croisière qui sera nettement plus ‘virile’. Pas de femmes à bord d'abord, mais surtout, les alizés renforcés des Canaries sont de retour…
Dès le lendemain, après un peu
d’avitaillement et le plein de diesel, nous appareillons vers La Gomera. Dès le
Cap sud de Ténériffe, nous rencontrons 25 puis 30 nœuds de vent d’Ouest qui nous poussent à 7 nœuds
vers La Gomera. (Trinquette gréée en mer par Yves qui s’envole sur une
vague et aboutit dans les filières, il aime ça !). On mouille en fin de journée
dans une baie bien abritée et hop, tous à l’eau qui doit faire aux environs de 25°. Nous en profitons pour
continuer le carénage que j’avais déjà bien commencé, mais les salissures nous
coûtent un demi-nœud.
Le lendemain, journée de repos. Lecture, baignades et
préparations, par Yves, de super repas. Mais, juste après le dîner du soir,
alerte générale : plus de vin, plus de bière et plus de whisky. Il faut
trouver un port. Nous partons donc, après une bonne nuit, vers Valle Gran Rey, à
quelques 15 miles et jetons l’ancre au pied de superbes falaises, juste avant
le port et la petite ville.
La Gomera - Hierro
Nous y amarrons, le lendemain pour deux heures.
Pour cette durée, c’est gratuit nous annonce le chef de port. Vivres, visite de
la ville et apéritif… Vers 11 heures, appareillage, sans vent, vers La Restinga à Hierro.
Celui-ci ne se lèvera pas et c’est encore au moteur que nous prenons la
dernière place (il y en a moins de 10) au ponton juste à la tombée de la
nuit. Juste à temps pour aller manger un
poisson grillé chez El Refugio, arrosé d’un blanc local de très bonne tenue.
La visite de la ville le jour suivant nous
mènera au musée consacré à la dernière éruption de 2010 – 2012. Une charmante
jeune dame nous donnera force explications en Espagnol avant de comprendre que
nous n’en comprenons que la moitié. Hierro est très peu touristique et était
considérée par les anciens comme le bout du monde, Franco y déportait les
opposants. On se sent bien au bout du monde, nous sommes au point le plus au
sud du voyage et il va nous falloir en revenir…
Hierro - La Gomera
Yves repart lundi, il faut se rapprocher de
Tenerife où il a son avion. C’est donc le vendredi que nous décidons de
retourner à La Gomera. Il fallait s’en douter, les Gribs l’avaient annoncé, la
météo a changé. Il y a déjà eu quelques
rafales dans le port. Différentes sources annoncent 4 à 5 de N- NE se renforçant
en soirée à 6. Ce sera donc du près serré et très fort... Dès la sortie du port,
le matin à 8 heures, nous encaissons 30 nœuds de vent. Trinquette et Gv bien
arrisées, puis encore plus arrisée. Et bingo, cela monte progressivement à 38 puis
43 nœuds . 7 à 8 beauforts rafales à 9, au lieu de 4 à 5. Bienvenue
aux Canaries. Heureusement, la mer est moins forte que le vent (qui est local),
mais même sans fetch, les vagues sont bien formées et très courtes ; cela
mouille et ça secoue l’équipage qui se sent dans une machine à laver!
Le voilier est un peu surtoilé, (trinquette
et toute petite grand voile à ‘5’ ris) mais il se comporte comme toujours
parfaitement et nous continuons sous pilote automatique. Traversée très
inconfortable qui, malgré un vent légèrement adonnant, nous entraîne loin au
sud de l’île. Au moment où, fatigués de ces 35 à 40 nœuds de vent réels qui en
plus semblent augmenter encore, nous envisageons de prendre un ris dans la
trinquette, comme toujours aux Canaries, le vent tombe quasi totalement au sud
de La Gomera et nous permet de rejoindre notre mouillage après 4 heures de
moteur vers le Nord. Bien secoués par la houle qui n’a pas encore compris qu’il
n’y a plus de vent. Repas à l’ancre, bien mérité pour l’équipage fourbu et
cassé par la traversée.
Dure nuit où chacun ira contrôler régulièrement la tenue de l’ancre car nous encaissons de fortes rafales en provenance de la terre, bien sûr, cerise sur le gâteau, de directions variées avec de beaux rappels sur la chaîne.
Au petit déjeuner, nous deviserons sur ces
nombreux plaisanciers qui ont abandonné la voile après avoir découvert les
‘doux alizés’ des Canaries… On les comprend très bien.
Comme rien ne doit se calmer et que le vent
est même nettement plus fort, nous décidons de partir tôt vers la marina de San
Sebastian de la Gomera. Deux heures de moteur dans un vent contraire de 30 à 48
nœuds vrais (ben oui, comme ils annoncent 6 BF on en prend 7 à 9) en longeant et
rentrant dans chaque baie pour s’abriter de la mer qui longe l’île. Dans le
port, (où bien abrités il y a peu de vent), nous découvrons des tas de bateaux
qui se préparent à la grande traversée. Comme l’année passée aux Madères, beaucoup
de familles avec enfants.
Lundi, jour de départ d’Yves et annonce de
la fin du vent fort (prévu de passer de 6 à 4 bf) juste à l’heure de son ferry.
Pourtant, le vent a tourné et les rafales continuent de secouer tous les
voiliers dans le port en générant un bruit de drisses et un grondement sourd.
Après un petit déjeuner copieux, nous l’accompagnons à son ferry et suivons son
départ avec de grands signes de mains. Il nous manque déjà.
La Gomera - La Palma
Après une bonne journée de visites et de
flâneries dans San Sebastian, en route pour La Palma. La météo annonce un vent
de NNE de 3 à 4 BF. Nous décidons de passer au nord de La Gomera et c’est sous
30 nœuds de vents que nous remontons au moteur et petite GV pas assez plate
(elle vieillit) pour pouvoir enfin naviguer à la voile. Après le cap NE de
l’île, le vent descend à 18 nœuds et nous voilà à 6 noeuds au près. Tenerife et
le Teide sont sur l’arrière, La Goméra à bâbord et La Palma se devine déjà
devant. Magnifique traversée !
Vers le milieu, Jacques aperçoit légèrement
sur tribord des ‘crasses sur l’eau’. De plus près, la mer souffle. Des cachalots !
Comme ils ont priorité car ils arrivent par tribord, nous devons faire un petit
détour pour laisser passer une famille dont un petit à quelques 20 mètres du
bateau.
A 10 milles de Santa Cruz de La Palma, comme prévu, le vent forcit. A nouveau la trinquette car nous sommes au près serré. Et nous encaissons, une fois de plus, les vents d’une des zones d’accélération à 38 nœuds vrais …
Le lendemain, un voilier rentrera dans le
port étai cassé, avec l’enrouleur tourné autour du mat et du patara, le génois
en lambeaux… Sympathiques conditions de navigation aux Canaries. Il faut dire
que la météo annonce 5 BF de NE et que cela a donc encore soufflé à 30 nœuds, toute
la journée, dans le port et bien plus en mer. Avec un peu de houle (donc
toujours) le port de Santa Cruz de La Palma s’agite. Mais il est à moitié vide
et nous amarrons Sothis entre deux catway entouré d’une toile d’araignée
d’amarres avec amortisseurs. Il ne risque rien !
La ville de Santa Cruz de La Palma vaut le voyage, elle est magnifique et témoigne d’un passé prospère.
Dernière étape, principalement au moteur, vers Tazacorte pour un hivernage à flot. Tazacorte offre toutes les facilités, est parfaitement protégé de la mer et situé hors des zones d’accélération. Sothis
va y passer l’hiver à l’eau et pourra être mis sur quai fin avril par le
chantier du port. C’est un des meilleurs endroits des Canaries pour hiverner et
l’île de La Palma est pour nous la plus belle de l’archipel.
Conclusions d’une saison aux
Canaries : Quasi pas de mouillages, marinas souvent peu protégées du SW,
et pour le vent … un voisin qui fait du charter avec un gros voilier l’a bien
résumé : dès que je vois les zones d’accélération, je prends trois ris et
met le tourmentin qui est toujours gréé, à poste. Et comme en été cela peut dépasser 60 nœuds, je pars
naviguer aux Acores. Mais je reviens hiverner aux Canaries car il y fait
toujours doux.
Pour nous, le principal intérêt a été d’utiliser le voilier comme hôtel et de louer une voiture pour faire de superbes trekkings sur les volcans. Et de changer d’île en vérifiant bien la météo. Nous avons, ainsi, passé une superbe année de croisière.
Pour nous, le principal intérêt a été d’utiliser le voilier comme hôtel et de louer une voiture pour faire de superbes trekkings sur les volcans. Et de changer d’île en vérifiant bien la météo. Nous avons, ainsi, passé une superbe année de croisière.
Enfin, pour le vent, on peut se faire une
idée du vent réel en se connectant sur l’anémomètre de l’aéroport de Gran
Canaria. De notre expérience, cela donne une bonne indication sur la présence et la force des accélérations, mais le vent est encore souvent sous évalué, nous y
rajoutons au moins 5 nœuds :
Cliquez ici pour le site de l'aéroport: site de l'aéroport
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A bientôt, Sothis, nous te retrouverons fin
avril.