dimanche 30 novembre 2014

Croisière d'octobre aux Canaries



La Palma - Tenerife

Attirée par le volcan et les promesses de trekking, Dominique souhaite y passer une semaine de vacances sur l'île de Tenerife. Le voilier est à La Palma; je commence ce séjour par un convoyage en solitaire. 

Après une préparation du bateau, sous la chaleur écrasante de ce mois d’octobre, agrémentée de petits restaurants de poison chaque soir, j’appareille vers La Gomera un petit matin, mais grasse matinée oblige, un peu trop tard.






























Après une traversée tranquille, au moteur, puis sous voiles par vent très léger, arrivée à La Gomera où je réussi tout juste à jeter l’ancre dans une baie du SE de l’île avant l’obscurité totale. 
Le lendemain, je me sens vraiment retiré du monde et je n’ai plus du tout envie de partir. 

C’est donc après une seconde nuit que je mets le cap sur Tenerife : anticyclone, pas de vent, moteur encore... Après quelques hésitations je décide de modifier le cap et de ne pas aller vers Garachico , sur la partie NW de Tenerife, car une houle de 2,5 m risquerait de rendre l’entrée difficile. Quelques globicéphales plus tard, entrée dans la Marina Del Sur, à Las Galletas, située sur la pointe sud de l’île, petite ville peu touristique avec tout ce dont on peut avoir besoin. Pas de problème pour louer une voiture et attendre Dominique en allant jouer au golf. 





Dès le premier soir, au bout du ponton, je tombe sur Marcel, que j’avais déjà rencontré à Agadir et 
avec qui nous avions fait une fête mémorable. Et rebelotte, il m’invite à dîner à son bord pour une grosse fête à 4, avec Christian du magasin de plongée et une amie. La soirée se terminera très tard au bar sur la plage où un cubain donne un très bon concert de Salza… C’est avec un peu mal au crâne que j’accueille Dominique, trop peu d’heures plus tard, à l’aéroport.


Le lendemain de son arrivée, nous décidons de prendre la voiture pour faire un petit tour de l’île. Le passage d’un front froid apporte des déluges de pluies exceptionnels, qui créent des torrents d’eau et de boues sur le nord de l’île qui bloquent les autoroutes en déposant des tas de très grosses pierres. Plus moyen de rentrer, les routes sont coupées. Nous parvenons à nous réfugier à Puerto de la Cruz. Cela commence mal. 


Le reste de la semaine sera consacré à de nombreux trajets de trekking dans l’île. Superbe ! La zone du volcan du Teide, troisième plus grand cratère du monde, vaut le voyage.


















Nous passerons également une nuit au mouillage au bas de la vallée de Marcas, un peu après Los Gigantes. Mouillage au pied de hautes falaises de lave, bien abrité du NW à NE, à conseiller ! Visite également de la zone des globicéphales sur le cote SW de Tenerife, qui affectionnent la zone des profondeurs de 1000 m. Il y en a beaucoup et il est difficile de les rater car ils sont balisés par les bateaux de touristes.









Mais tout a une fin et Dominique repart, avec regrets, vers Bruxelles.


Tenerife - La Gomera

Changement de genre… Après une longue après midi de golf, j’accueille Yves R. et Jacques P. pour une croisière qui sera nettement plus ‘virile’. Pas de femmes à bord d'abord, mais surtout, les alizés renforcés des Canaries sont de retour…





































Dès le lendemain, après un peu d’avitaillement et le plein de diesel, nous appareillons vers La Gomera. Dès le Cap sud de Ténériffe, nous rencontrons 25 puis 30 nœuds  de vent d’Ouest qui nous poussent à 7 nœuds vers La Gomera. (Trinquette gréée en mer par Yves qui s’envole sur une vague et aboutit dans les filières, il aime ça !).  On mouille en fin de journée dans une baie bien abritée et hop, tous à l’eau qui doit faire aux environs de 25°. Nous en profitons pour continuer le carénage que j’avais déjà bien commencé, mais les salissures nous coûtent un demi-nœud. 

Le lendemain, journée de repos. Lecture, baignades et préparations, par Yves, de super repas. Mais, juste après le dîner du soir, alerte générale : plus de vin, plus de bière et plus de whisky. Il faut trouver un port. Nous partons donc, après une bonne nuit, vers Valle Gran Rey, à quelques 15 miles et jetons l’ancre au pied de superbes falaises, juste avant le port et la petite ville. 








La Gomera - Hierro

Nous y amarrons, le lendemain pour deux heures. Pour cette durée, c’est gratuit nous annonce le chef de port. Vivres, visite de la ville et apéritif… Vers 11 heures, appareillage, sans vent, vers La Restinga à Hierro. Celui-ci ne se lèvera pas et c’est encore au moteur que nous prenons la dernière place (il y en a moins de 10) au ponton juste à la tombée de la nuit.  Juste à temps pour aller manger un poisson grillé chez El Refugio, arrosé d’un blanc local de très bonne tenue.

La visite de la ville le jour suivant nous mènera au musée consacré à la dernière éruption de 2010 – 2012. Une charmante jeune dame nous donnera force explications en Espagnol avant de comprendre que nous n’en comprenons que la moitié. Hierro est très peu touristique et était considérée par les anciens comme le bout du monde, Franco y déportait les opposants. On se sent bien au bout du monde, nous sommes au point le plus au sud du voyage et il va nous falloir en revenir…




























Hierro - La Gomera

Yves repart lundi, il faut se rapprocher de Tenerife où il a son avion. C’est donc le vendredi que nous décidons de retourner à La Gomera. Il fallait s’en douter, les Gribs l’avaient annoncé, la météo a changé.  Il y a déjà eu quelques rafales dans le port. Différentes sources annoncent 4 à 5 de N- NE se renforçant en soirée à 6. Ce sera donc du près serré et très fort... Dès la sortie du port, le matin à 8 heures, nous encaissons 30 nœuds de vent. Trinquette et Gv bien arrisées, puis encore plus arrisée. Et bingo, cela monte progressivement à 38 puis 43 nœuds . 7 à 8 beauforts rafales à 9, au lieu de 4 à 5. Bienvenue aux Canaries. Heureusement, la mer est moins forte que le vent (qui est local), mais même sans fetch, les vagues sont bien formées et très courtes ; cela mouille et ça secoue l’équipage qui se sent dans une machine à laver!

Le voilier est un peu surtoilé, (trinquette et toute petite grand voile à ‘5’ ris) mais il se comporte comme toujours parfaitement et nous continuons sous pilote automatique. Traversée très inconfortable qui, malgré un vent légèrement adonnant, nous entraîne loin au sud de l’île. Au moment où, fatigués de ces 35 à 40 nœuds de vent réels qui en plus semblent augmenter encore, nous envisageons de prendre un ris dans la trinquette, comme toujours aux Canaries, le vent tombe quasi totalement au sud de La Gomera et nous permet de rejoindre notre mouillage après 4 heures de moteur vers le Nord. Bien secoués par la houle qui n’a pas encore compris qu’il n’y a plus de vent. Repas à l’ancre, bien mérité pour l’équipage fourbu et cassé par la traversée. 


Dure nuit où chacun ira contrôler régulièrement la tenue de l’ancre car nous encaissons de fortes rafales en provenance de la terre, bien sûr, cerise sur le gâteau,  de directions variées avec de beaux rappels sur la chaîne. 
Au petit déjeuner, nous deviserons sur ces nombreux plaisanciers qui ont abandonné la voile après avoir découvert les ‘doux alizés’ des Canaries… On les comprend très bien.


Comme rien ne doit se calmer et que le vent est même nettement plus fort, nous décidons de partir tôt vers la marina de San Sebastian de la Gomera. Deux heures de moteur dans un vent contraire de 30 à 48 nœuds vrais (ben oui, comme ils annoncent 6 BF on en prend 7 à 9) en longeant et rentrant dans chaque baie pour s’abriter de la mer qui longe l’île. Dans le port, (où bien abrités il y a peu de vent), nous découvrons des tas de bateaux qui se préparent à la grande traversée. Comme l’année passée aux Madères, beaucoup de familles avec enfants.


























































Lundi, jour de départ d’Yves et annonce de la fin du vent fort (prévu de passer de 6 à 4 bf) juste à l’heure de son ferry. Pourtant, le vent a tourné et les rafales continuent de secouer tous les voiliers dans le port en générant un bruit de drisses et un grondement sourd. Après un petit déjeuner copieux, nous l’accompagnons à son ferry et suivons son départ avec de grands signes de mains. Il nous manque déjà.


La Gomera - La Palma

Après une bonne journée de visites et de flâneries dans San Sebastian, en route pour La Palma. La météo annonce un vent de NNE de 3 à 4 BF. Nous décidons de passer au nord de La Gomera et c’est sous 30 nœuds de vents que nous remontons au moteur et petite GV pas assez plate (elle vieillit) pour pouvoir enfin naviguer à la voile. Après le cap NE de l’île, le vent descend à 18 nœuds et nous voilà à 6 noeuds au près. Tenerife et le Teide sont sur l’arrière, La Goméra à bâbord et La Palma se devine déjà devant. Magnifique traversée ! 

Vers le milieu, Jacques aperçoit légèrement sur tribord des ‘crasses sur l’eau’. De plus près, la mer souffle. Des cachalots ! Comme ils ont priorité car ils arrivent par tribord, nous devons faire un petit détour pour laisser passer une famille dont un petit à quelques 20 mètres du bateau. 
































A 10 milles de Santa Cruz de La Palma, comme prévu, le vent forcit. A nouveau la trinquette car nous  sommes au près serré. Et nous encaissons, une fois de plus, les vents d’une des zones d’accélération à 38 nœuds vrais …


Le lendemain, un voilier rentrera dans le port étai cassé, avec l’enrouleur tourné autour du mat et du patara, le génois en lambeaux… Sympathiques conditions de navigation aux Canaries. Il faut dire que la météo annonce 5 BF de NE et que cela a donc encore soufflé à 30 nœuds, toute la journée, dans le port et bien plus en mer. Avec un peu de houle (donc toujours) le port de Santa Cruz de La Palma s’agite. Mais il est à moitié vide et nous amarrons Sothis entre deux catway entouré d’une toile d’araignée d’amarres avec amortisseurs. Il ne risque rien !







La ville de Santa Cruz de La Palma vaut le voyage, elle est magnifique et témoigne d’un passé prospère.
































Dernière étape, principalement au moteur, vers Tazacorte pour un hivernage à flot. Tazacorte offre toutes les facilités, est parfaitement protégé de la mer et situé hors des zones d’accélération. Sothis va y passer l’hiver à l’eau et pourra être mis sur quai fin avril par le chantier du port. C’est un des meilleurs endroits des Canaries pour hiverner et l’île de La Palma est pour nous la plus belle de l’archipel.































Conclusions d’une saison aux Canaries : Quasi pas de mouillages, marinas souvent peu protégées du SW, et pour le vent … un voisin qui fait du charter avec un gros voilier l’a bien résumé : dès que je vois les zones d’accélération, je prends trois ris et met le tourmentin qui est toujours gréé, à poste. Et comme  en été cela peut dépasser 60 nœuds, je pars naviguer aux Acores. Mais je reviens hiverner aux Canaries car il y fait toujours doux.
Pour nous, le principal intérêt a été d’utiliser le voilier comme hôtel et de louer une voiture pour faire de superbes trekkings sur les volcans. Et de changer d’île en vérifiant  bien la météo. Nous avons, ainsi, passé une superbe année de croisière.

Enfin, pour le vent, on peut se faire une idée du vent réel en se connectant sur l’anémomètre de l’aéroport de Gran Canaria. De notre expérience, cela donne une bonne indication sur la présence et la force des accélérations, mais le vent est encore souvent sous évalué, nous y rajoutons au moins 5 nœuds :

Cliquez ici pour le site de l'aéroport: site de l'aéroport

A bientôt, Sothis, nous te retrouverons fin avril.

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