Et voici
les vacances familiales. Il y a deux ans, la famille était complète, nous
étions cinq. L’année passée quatre et cette année, nous serons trois. Les deux
garçons terminent leur année d’étude et Sophie la cadette se demande comment
elle va faire pour survivre 18 jours avec ses deux vieux ! Et pourtant, au
final, tout va bien se passer.
Le projet :
la côte sud de l’Algarve et de l’Andalousie jusqu’à Gibraltar, c’est-à-dire 330
miles en 18 jours. (carte du trajet à la fin du billet)
Nous
arrivons à Albufeira le 1er août et nous retrouvons Sothis qui nous
a attendus deux semaines. La température bien agréable du Sud Portugal nous met
immédiatement dans une ambiance de vacances et nous quittons le port le
lendemain avec un vent de 17 nœuds nord-ouest. Destination : les superbes falaises
de Praia de Marinha où j’étais déjà passé en juillet avec Jean-Paul en me promettant
d’y revenir avec la famille.
Le vent va se lever doucement en montant à 31 nœuds.
Mais bien protégé, le mouillage devant les falaises reste assez confortable. Et
en fin d’après-midi un bord rapide nous amène à Vilamoura.
Comme
toujours dans ces régions, l’entrée dans une marina nous oblige à nous amarrer
deux fois : une fois au ponton d’accueil et une deuxième fois à l’emplacement attribué
après avoir rempli de nombreux papiers et en nous acquittant d’une somme d’Euros
qui en juillet et août, dans toutes ces régions, n’est pas vraiment bon marché.
Vilamoura, conformément
à ce que nous avions pu lire dans le guide nautique, est une marina très
touristique, chère et sans grand intérêt. Il faut dire que nous n’avons pas été
visiter les environs qui semblaient plus prometteurs. Nous aurons en tout cas
la possibilité de remplir les cales d’une grande partie des vivres dont nous avons
besoin pour ces vacances.
La région
de Faro et d’Olhao, tient toutes ses promesses. J’avais eu l’occasion de la découvrir d'en haut, lors de la
descente de l’avion vers Faro, et nous jetons l’ancre juste à l’endroit que j’avais
identifié à travers le hublot. Nous resterons amarrés deux jours à l’abri de l’île Da Cullatra.
Deux jours de
repos avec de superbes balades sur les plages de l’île. Nous participons
également à la fête du village de pêcheurs célébrant les femmes des marins.
L’étape
suivante nous conduit à la marina d’Ayamonte située sur le fleuve qui fait
frontière entre le Portugal et l’Espagne. Nous voici en Espagne avec l’intention,
à la marée basse du lendemain, de passer le pont pour remonter la rivière jusqu’à
Alcoutim. Après un bon restaurant dans cette jolie ville, quoiqu’un peu bouffés
par les moustiques, place aux calculs : le pont fait 20 m. Mais quel est encore
le tirant d’air du voilier ? Je l’ai pourtant calculé avec précision en Suède, l’année
passée, mais tout est resté dans le livre de bord précédent. La documentation technique
du bateau indique 18,10 m auxquels il faut ajouter l’antenne VHF. Cela fait au maximum 20 m et avec la marée, le
pont doit en faire 23. Mais est-ce que c’est juste ? Vérification avec un Ovni
français dont le mat a la même hauteur que le nôtre : tout va bien, il arrive
aux mêmes chiffres. À son départ, notre voisin crie à sa femme qu’il a un
problème moteur, mais juste après, tout va bien et il parvient à sortir du port
sans problème. À notre tour : si la marche arrière pour sortir de l’emplacement
se passe sans problème, plus moyen de tourner l’étrave vers la sortie du port.
Nous sommes échoués. Il nous faudra pas mal de manœuvre et le propulseur d’étrave
pour faire tourner le bateau vers la sortie et creuser lentement, moteur à 2000
tours, un sillon dans la vase pour quitter le port.
La remontée
de la rivière Guardiana est superbe et nous nous ancrons en fin de matinée
devant les deux villages d’Alcoutim au Portugal et Salucar de Guadiana en Espagne.
Après la visite du village espagnol, la traversée de la rivière en annexe nous mène
au Portugal en nous faisant perdre une heure. Cela nous permet de prendre deux
apéritifs.
Vue de Salucar de Guadiana depuis Alcoutim |
Ces deux petites villes nous ont charmés et nous sommes encore
restés longtemps finir notre litre de sangria sur les hauteurs d’Alcoutim en contemplant
la nuit tomber sur l’autre versant.
Le
lendemain, au retour de l’embouchure du Guardiana, nous restons du côté Portugal
en nous amarrant à la marina de Vila Real de Santo Antonio. A nouveau une belle ville, qui vaut un détour.
Après un
calcul des marées, nous entrons le 8 août dans la rivière qui nous mène à El
Rompido. Nous y passons deux belles
journées de vacances, avec la visite de la presqu’île en face du port et de la
petite ville.
El Rompido |
La marée,
encore elle, nous oblige à partir à 6:30 pour passer la barre en toute
sécurité, mais nous constatons qu’il fait encore noir. Installés dans la
douceur de ces vacances, nous n’avions pas encore remarqué qu’ici, le jour ne se lève que vers 7:30… Tant pis, on
y va, mais on profitera moins de la beauté de cette rivière.
Nous
prenons la direction de Cadix, avec peu de vent, principalement au moteur. A la
hauteur de Chipiona, un bon petit vent de SW se lève et nous oblige à louvoyer.
Bizarre, les météos n’en parlaient pas. Au bout d’une 1/2 heure, il souffle à 20
nœuds. En arrivant devant Rota, il monte à 30 nœuds. Ras-le-bol , moteur et
grand voile pour aller mouiller juste à l’est de Puerto Sherry. Petite baie à conseiller, bien abritée, avec
des pinèdes et la possibilité de nager.
Le
lendemain matin, toujours 30 nœuds et un petit bord très rapide nous amène à
Cadix, qui vaut bien sûr le voyage. En
tous cas, nous avons apprécié !
Mais notre
objectif est d’aller plus loin encore et de découvrir Gibraltar que je n’ai
plus vu depuis 1978.
Objectif
raté ! Nous allons arriver à Barbate en fin de journée, bien secoués par
un long louvoyage avec 28 nœuds de vent, à nouveau non prévus par les météos.
Cette
marina n’offre qu’un abri, la ville est sans intérêt, mais heureusement, le 13
août devrait nous offrir une accalmie dans le détroit de Gibraltar avec des
vents contraires de ‘seulement’ 3 à 4. Avec un courant favorable cela doit
aller.
Et nous
voilà partis à quatre heures du matin, sans vent, au moteur. Pourtant, vers 8
heures, le vent d’est monte à 42 nœuds vrais et constants. Ras-le-bol, demi -tour et arrivée, à nouveau
sans vent à Barbate.
L’expérience
d’une Belge rencontrée sur les pontons va résumer ce que nous avons rencontré assez souvent le long de la côte
W de l’Espagne et du Portugal, ainsi que de la grande zone du détroit de
Gibraltar : Vous prenez différentes météos. Vous sélectionnez celle qui
annonce les rafales les plus fortes. Vous y ajoutez un ou deux BF et vous
trouvez le vent constant que vous allez rencontrer.
Après avoir
bien râlé, (le capitaine surtout qui se demande encore s’il n’aurait pas dû forcer un
peu sur le moteur pour passer Tarifa) nous reprenons la route de Cadix sous
spi, décidés à trouver un emplacement pour y laisser Sothis trois semaines. Après analyse,
nous choisirons Cadix. Nous avons été mal accueillis à Santa Maria où en plus
les prix sont très élevés. Et Cadix offre toutes les possibilités de transports
et d’approvisionnement. Retour en Belgique après une belle visite de Séville
(très très chaude, et très très belle).
Au revoir
Sothis, patience, nous revenons dans 3 semaines pour te mener à Madère.
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