La Baltique ???? Six mois de négociation familiale, d’influence,
de vente, d'argumentation.
De la manipulation ? Non, pas du tout, ne
croyez surtout pas cela. Et si malgré tout c'était le cas, croyez bien que ce
serait, bien sûr, tout à fait involontaire voire inconscient…
‘Mais qu'est-ce que tu veux aller faire dans le nord ? Tu ne
trouves pas qu'il pleut déjà assez ici ? Et en plus on va avoir froid ! Tu ne
comprends pas que les vacances pour nous, c'est le soleil ? Et tu as lu le guide ?
Il y a plein de sales petits moustiques et des nuages de grosses mouches noires
qui piquent sans parler des tiques qui sucent le sang en apportant des maladies ! Et on ne peut même pas nager, l'eau est
encore plus froide qu'en Bretagne l'année passée.’
Refroidi par la météo désastreuse de la Bretagne sud et nord de 2011, je commençais à douter; ce projet de vacances vers le nord commençait très mal.
Au bout de quelques semaines j'ai annoncé que j'avais réfléchi et qu'ils avaient raison, ce n'était pas une bonne idée, on n'y allait plus!
Retempète; 'on s'était fait à l'idée de voir Stockholm, etc, etc.'
Tous les doutes s'étaient calmés et le projet avait pris forme en entamant la préparation (Le Petit Prince dit que c'est en arrosant sa rose que l'on apprend à l'aimer).
Ce qui fait que le moment d'y conduire le bateau a bien fini par
arriver.
Convoyage de Nieuport
vers Kiel, allegro moderato on avait dit… Et une étape entre Nieuport et l'île
d’Helgoland. Oui, mais ça c'était le projet établi au coin du feu, dans la
douceur et le confort du foyer conjugal.
Au départ de Nieuport la météo était bonne pour le vent, mais pas du tout pour la température. Jacques, fidèle équipier
expérimenté était de la partie. Après un départ au moteur, le vent commence à
souffler de l'Est comme prévu en nous apportant les bonnes odeurs de la
campagne hollandaise.
Vers minuit, passage devant l'entrée de Rotterdam un peu mouvementé avec un immense porte-container
limité par son tirant d'eau qui obligeait les autres cargos à l’éviter en navigant
hors de la passe ; et c'est là que nous nous trouvions. Nous nous
sentions bien petits : Demi-tour et on attend que cela se calme !
Après ce passage, dodo. Mais c'était sans compter sur le
vent qui monte et le besoin de prendre des tours de rouleaux dans la grand
voile et dans le génois ;
Re dodo ; mais c'est sans compter sur les
nuées de bateaux de pêche qui vont dans tous les sens et qui nous demandent de
nombreuses manœuvres pour les éviter.
Ensuite dodo ?
Mais non, nous
arrivons devant le canal d'Amsterdam où tout semble calme. Mais un examen
attentif de l’AIS indique qu'un bateau arrive à 30 nœuds sur tribord en route
de collision. Et en voilà un autre plus gros à bâbord à 12 nœuds, également en route de
collision : Rontudjuuu !
Réfléchissons : Le petit à tribord pourrait-être le bateau-pilote qui va rejoindre le gros à bâbord. Si on laisse passer le
petit tout juste devant il est assez probable que le gros va ralentir pour
prendre son pilote et que nous allons passer devant : Bingo, la vitesse du gros
descend progressivement jusqu'à huit nœuds et le CPA augmente jusqu’à un demi-mille.
Huit heures le matin, déjà 5 heures de pluie, il fait très froid, nous arrivons à hauteur de Den Elder ; vent force 5 à 6 d’Est.
Je calcule qu'on se retrouvera vent debout le long des iles de frise; et lâchement, je prends la direction du port
en rêvant de café, de petit déjeuner et surtout de la chaleur d’une couchette
immobile.
Oui, bien sûr, je constate en remontant vers le port que le vent a
déjà adonné et que l'on pourrait continuer sa route au près serré. Mais c'est
trop tard la marina nous accueille et nous observerons vers 12:00 que le vent
a encore adonné, comme la météo le prévoyait, et qu’il continue à souffler
force cinq à six. Mauvaise décision, mais enfin, dormir !
Départ le lendemain à 4 du matin sous foc tangonné, puis sous spi.
Vers 14:00 le vent se calme et nous continuons au moteur. Puis nous attendons le
vent de sud-est qui doit se lever, mais c'est un vent contraire d’ENE 25 nœuds qui se
lève. Nous n'allons pas passer la nuit au moteur contre le vent et la mer qui se lève, nous n'avons
pas envie de louvoyer contre le courant et nous décidons d'aller passer la nuit
à Borkum.
L'étape suivante est évidente, de Borkum à Helgoland. De
nouveaux avec un bon vent le matin qui descend progressivement l'après-midi en
nous obligeant de terminer au moteur.
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Grêle et rafale de 54 nds dans 20 minutes |
La chance est avec nous toute la journée
car nous restons au soleil en évitant de nombreux orages qui passent devant ou derrière
nous. Jusqu'au dernier qui plus gros, nous passe juste dessus en nous apportant
une belle et longue rafale de 54 nds accompagnée de grêle ; nous nous étions
justement dits qu'il serait temps de rincer le pont.
Helgoland est une
ile étrange qui s'élève à 55 m au-dessus du niveau de la mer. L'Allemagne l'a échangée avec l'Angleterre en lui offrant Zanzibar. Durant la seconde guerre
mondiale elle a servi de cible pour les exercices de tir de la RAF. C'est aujourd'hui
une destination de vacances pour les Allemands qui indiquent qu'elle offre 2000 heures de soleil par an. Mais un de ses principaux attraits
est constitué par la cinquantaine de magasins où l'on peut se procurer de
l'alcool et des cigarettes hors taxes.
Mais pourquoi tant de photographes avec du matériel très
sophistiqué ? C’est que les falaises de cette île donnent refuge à des milliers
de fous de bassan, de pingouins torda et autres. Superbe spectacle qui nous
fera oublier le passage d’une dépression, de sa pluie et son vent.
Et enfin la dernière étape avec la remontée de l'Elbe vers Cuxhaven où nous allons laisser le voilier en parfaite sécurité pour
deux semaines. La marina a une qualité et une gestion toute germanique à un
prix bien inférieur à ceux de la manche ou de la Bretagne.
Voilà, bien travaillé. Nous avons fait ce trajet de 335 miles en une
semaine. Il nous reste encore le canal pour arriver à Kiel, mais Bruxelles
nous attend.