Après un vol sans encombre via Jetair Fly, Paul et moi arrivons à
Tazacorte, le 3 mai. Le bateau nous attend sur le quai. Avec les travaux
réalisés par le chantier Nautica, Sothis a fière allure. Deux couches de
peinture antisalissure et une coque parfaitement polie.
Et le travail commence : installer une antenne extérieure
pour l’iridium, maintenance du moteur, remplacement des anodes et surtout
profiter de la voiture pour charger 10 jours de nourriture, 5 nécessaires à la traversée, 5 de réserve en cas de problème... Mais touchons du bois.
Le temps n’est pas du tout de la partie, des masses d’air
perturbées nous amènent de la pluie et le vent très fort rend la mise à l’eau
particulièrement périlleuse ; nous évitons le quai en béton de très peu.
Nous consacrons le 9 mai à faire une petite sortie pour
vérifier tous les éléments du gréement et du bateau : tout est en ordre et en
parfait état. Nous pouvons partir !
Cependant l’anticyclone des Açores n’est pas du tout placé
au bon endroit et un vent de 25 nœuds souffle du nord ouest : en plein dans le
nez. Comme cela risque de durer quelques jours, notre décision est prise et,
sans trop réfléchir, nous partons le 10 mai faire un tour à l’île voisine, La
Gomera. Sans trop réfléchir, car on sait que cela éloigne les Acores de 65 miles... Mais comment quitter les Canaries sans aller encore vite voir La Gomera?
Après une traversée rapide au portant par 25 nœuds nous arrivons, à 21h30, à la marina de San
Sebastian, juste à temps pour trouver, au pas de course, une pizzeria encore ouverte.
Les deux jours que nous y avons passés confirment, une nouvelle fois, le charme de cette île et de cette petite ville.
L’anticyclone vient de se positionner sur les Açores, il devrait se renforcer et y rester huit à neuf jours et nous offrir deux ou trois journées de bon plein de 15 à 20 nœuds et puis des vents variables à partir de la latitude de Madère.
Après un dernier restaurant, un verre de blanc et une bonne nuit de sommeil nous partons le 14 mai à midi. Nous saluons tous les bateaux amis, dont plusieurs désirent également se rendre aux Açores... Mais ils ont décidé d’attendre encore un peu.
Le scénario des îles Canaries est bien connu, nous partons au moteur avec un vent nul, complètement déventés par l’île mais nous savons que nous aurons un vent beaucoup plus fort dès que nous aurons passé le nord de l’île. Nous y arrivons prudemment, avec le génois et la grand-voile bien roulés, mais alors que je m’attendais à 30 nœuds, nous nous retrouvons dans un vent de 38 nœuds, tellement fort qu’il devient très difficile de réduire le génois… et toute la bande UV se déchire au niveau du nerf de chute… Rontudjuuu !!
On vient de partir et déjà Sothis est blessé… et il reste plus de six
cent mille à faire.
Deuxième étonnement, je pensais que le vent allait
progressivement diminuer en nous éloignant de l’île, mais il n’en est rien.
Nous allons passer tout le reste de la journée au bon plein, dans des vents de
28 à 30 nœuds. Au cours de la nuit, il va progressivement mollir et varier entre 22
et 28 nœuds. Nous sommes passés sous trinquette et avec ce vent, Sothis va
très vite : nous réalisons exactement entre 153 et 155 milles, les trois
premières 24 heures et, comme toujours, en réduisant plus que nécessaire: si tu veux aller loin, ménage ta monture...
Même scénario que les autres traversées pour la première journée, le mal de mer n’est pas très loin, la mer forte rend le
bateau très inconfortable et nous mangeons à peine. Nous aurons de la chance car le
vent va se calmer juste pendant l’heure du midi des deux jours suivants.
L’iridium, qui fonctionne parfaitement et nous permet de
télécharger les cartes météo ainsi que les fichiers grib, nous l’a confirmé,
nous arrivons à proximité de l’anticyclone. Le baromètre nous le disait aussi. Le vent diminue et s’établit aux
environs de 15 nœuds c’est-à-dire très peu pour la grand-voile et la
trinquette. Nous décidons de remettre le génois et après analyse, nous estimons
qu’il devrait tenir si on ne tire pas trop dessus. Inch' Allah!
Le dernier jour se passera ainsi dans des variations de vent
régulières, nous obligeant à faire des changements de voile incessants en
passant à la trinquette à chaque augmentation au-delà de 18 nœuds, pour
préserver le génois. Pfff, le capitaine est épuisé et commence à rêver d’un
bateau avec des enrouleurs et des winchs électriques.
Un thon de 8 kg viendra égailler notre quotidien gastronomique. Paul sera intransigeant: Le pêcheur pêche le poisson, mais c'est le cuisinier qui le découpe... Ce sera très vite fait et suivi d'un gueuleton préparé par Paul qui décidément se débrouille bien en cuisine.
Et enfin, après une petite partie au moteur, nous arriverons à Santa Maria le 19, à 1h30 du matin. Nous avons ainsi réalisé une traversée de 645 miles en 109 heures à une moyenne de 5,9 nœuds.
Le port de Santa Maria est très agréable. Accueil excellent et une charmante petite ville au dessus de la colline. Ce qui frappe, en arrivant des Canaries, c'est que tout est vert.
La
pluie fréquente nous en donnera très vite la raison. Les dépressions reviennent
vite et nous allons y rester bloqués une semaine. La visite de l'île vaut la peine, il y a de nombreux chemins de randonnée et en cherchant un peu, nous avons trouvé un restaurant très sympa...
Le génois a été envoyé à Ponta Delgada chez Velame qui nous a promis de le réparer dans les délais.. On verra.
Le génois a été envoyé à Ponta Delgada chez Velame qui nous a promis de le réparer dans les délais.. On verra.
Il n'y a plus qu'à rejoindre Ponta Delgada avec le petit avion local (Sata) et ensuite Bruxelles.
La suite du projet est de visiter les Acores du 17 juin au 8 juillet et ensuite rejoindre les îles Scilly. Enfin un retour vers la côte belge et un hivernage au Bruxelles Royal Yacht Club.
Juin, juillet et août 2016 |